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L’exposition Fernand Stiévenart et Juliette De Reul à la Maison du Port de Etaples a retenu l’attention du journaliste – conférencier Fabrice Roy.

Fernand Stievenart: un talent oublié

Elève de Gustave Boulanger, Fernand Stievenart (1862-1922) est une figure emblématique de l’école de Wissant. Jusqu’au 27 novembre prochain, la maison du Port Départemental d’Etaples, sur la Côte d’Opale, lui consacre, ainsi qu’à son épouse Juliette De Reul, une passionnante exposition monographique. A l’occasion du centenaire de la mort de l’artiste, j’ai voulu mettre en perspective certaines de ses œuvres avec celles de contemporains beaucoup plus célèbres que lui, mais auprès desquels nous verrons aisément qu’il est loin de démériter.

Fernand Stievenart. Femme au jardin. Collection Fernand Stievenart
Fernand Stievenart. Femme au jardin. H&S Collection

Les œuvres de Fernand Stiévenart et de Juliette De Reul sont restées dans les méandres de l’oubli jusqu’à ce que le département du Pas de Calais organise en 2014 l’exposition ‘Visages de terre conscarée aux artistes de l’École de Wissant.

Originaire de Douai, Fernand Stiévenart s’est installé à Wissant (Pas-de-Calais) vers 1900. Il y créera son atelier et recevra la médaille de bronze à l’exposition universelle de 1900 qui accueillit plus de 50 millions de spectateurs. Il obtient une médaille au salon des artistes français de 1902. Il passe la fin de sa vie en Belgique, à Uccle.

Initiée par le couple d’artistes Adrien Demont et Virginie Demont-Breton, l’école de Wissant est un foyer d’artiste qui regroupait sur la Côte d’Opale une colonie très active de peintres et sculpteurs entre 1889 et le début de la Seconde Guerre Mondiale.

A gauche, Fernand Stievenart. Femme au jardin. H&S Collection. A droite, Gustave Caillebotte, les Roses. Vers 1886. Collection particulière.

Gustave Caillebotte a peint sa compagne Charlotte Berthier et son petit Carlin dans le jardin de sa propriété du Petit-Genevilliers où il s’est installé après le mariage de son frère Martial en 1887. En vis à vis du tableau de Fernand Stievenart, même soin, même pose, avec, chez Stievenart, une approche plus diffuse du massif dont la jeune femme cueille les fleurs.

A gauche, Berthe Morisot, Eugène Manet à l’île de Wight (détail). Vers 1875. Musée Marmottan-Monet. A droite, Fernand Stievenart. nature morte aux fleurs. H&S collection.

En 1875, Berthe Morisot peint son mari Eugène devant une fenêtre à l’île de Wight. Près de cette fenêtre, des fleurs en pot, couleurs franches, touches rapides, maîtrise du contre-jour. Fernand Stievenart traite le thème en se permettent un audacieux contraste entre l’ocre de l’arrière plan et de la nappe et le bleu profond du vase de droite.

A gauche,Pierre Bonnard, Nu au miroir, dit aussi La Toilette, dit aussi Nu devant la glace, A931 (Venise, Fondazione Musei Civici di Venezia). A droite, Fernand Stievenart. Nu au miroir. H&S Collection.

En 1893, Pierre Bonnard rencontre Marthe, qui se fait appeler Marthe de Meligny. Elle devient son modèle puis son épouse et elle a été pour lui une source permanente d’inspiration, à travers les nombreuses photos de nus et les portraits qu’il en a fait, tout au long de sa vie. Sur cette toile, Marthe est de dos, dans une semi-pénombre, devant une glace. Les dominantes de couleurs aux tons ocre et bleu profond laissent place chez Fernand Stievenart au vert pâle qui contraste avec le rouge violent du tapis. Même pose, tête penchée, même modelé du corps, même abandon.

Exposition Fernand Stiévenart et Juliette de Reul
Maison du Port Départemental d’Étaples
Tél: 03 21 21 47 37

Dans ses conférences d’histoire de l’art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français…